Il fut un temps où les voitures électriques ressemblaient à une blague réservée aux écolos hardcore et aux millionnaires qui avaient trop d’argent à dépenser. Une bagnole sans pot d’échappement, sans rugissement, sans cette délicieuse sensation de faire quelque chose d’interdit quand on écrase la pédale de droite. Je comprenais parfaitement. Moi-même, j’ai passé des années au volant de monstres qui buvaient l’essence comme si c’était offert et qui faisaient un bruit à donner la chair de poule. Mais quelque part au cours des cinq dernières années, ça a fait tilt. Pas parce que j’ai soudainement commencé à câliner des arbres, mais parce que la technologie a enfin tenu ses promesses : plus rapide, plus fun et moins cher que tout ce que l’ancien monde croyait possible.
Prenons l’accélération. Avant, je me moquais des proprios de Tesla qui prétendaient que leur caddie de supermarché passait de 0 à 100 plus vite qu’une Porsche 911. Jusqu’au jour où j’en ai essayé une. Tu enfonces la pédale et il se passe un truc qui défie la physique : ta tête cogne l’appuie-tête, le monde devient flou et trois secondes plus tard tu es déjà à la vitesse autoroutière. Pas de passage de vitesse, pas de turbo lag, pas de cinéma. Juste une violence instantanée. Et le meilleur : ça n’arrive plus seulement dans des caisses à un demi-million, mais aussi dans des voitures que tu sors du showroom pour cinquante mille euros.
Le comportement routier, ensuite. Oublie l’image du petit chariot de golf mollasson. Les dernières générations ont le centre de gravité tellement bas – merci le pack de batteries au plancher – qu’elles collent à la route comme si on les avait fixées avec de la super glue. Tu balances la caisse dans un virage et elle en redemande. La direction est ultra directe, le poids joue enfin en ta faveur et comme il n’y a plus de gros moteur à l’avant, les roues tournent comme sur des rails. Résultat : des autos qui se placent comme des karts et qui freinent comme si un parachute s’ouvrait à l’arrière.
Et oui, je sais ce que tu vas dire : l’autonomie. C’était un argument valable avant. En 2015, il fallait parfois rebrancher après 150 km et attendre deux heures en buvant un café infect. Aujourd’hui, on en rit. La plupart des nouvelles électriques font 400 à 600 km sans sourciller, et avec une borne rapide, tu passes de 10 à 80 % en vingt minutes. C’est plus rapide que mon plein d’essence habituel, pause sandwich et Red Bull comprise.
Le prix, aussi, a basculé. Grâce à des usines qui tournent à fond, des batteries plus malignes et des gouvernements qui ont enfin compris qu’on respire cette merde tous les jours, les électriques coûtent souvent moins cher que leurs équivalents thermiques – surtout si on regarde le coût total sur cinq ans. Plus de vidange, plus de courroie de distribution, plus d’embrayage qui lâche. Tu branches, tu roules. Et pour ceux qui passent par la société : les avantages fiscaux sont tellement énormes que tu te sens presque gêné vis-à-vis de ton comptable.
Même le silence – ou plutôt l’absence de bruit – finit par te conquérir. Au début, le grondement me manquait. Puis, au bout de quelques semaines, j’ai réalisé un truc bizarre : j’entendais les pneus, le vent, les oiseaux, ma musique sans qu’un V8 vienne tout parasiter. C’est une autre forme de plaisir. Plus calme, plus propre, et franchement beaucoup plus zen dans les bouchons.
Bien sûr, il reste des gens pour hurler que les batteries ravagent la planète et que le courant vient encore du charbon. On peut en débattre, mais soyons honnêtes : même en rechargeant ta voiture avec la pire centrale à charbon du monde, tu pollues moins qu’une vieille diesel qui crache sa fumée noire en ville. Et le jour où tout le monde roulera électrique, l’électricité viendra depuis longtemps des éoliennes, du solaire et des centrales nucléaires qui ne crachent que de la vapeur.
Bref, la voiture électrique a quitté le stade du « jouet sympa » pour devenir tout simplement le meilleur choix. Plus rapide, moins chère à l’usage, plus silencieuse, fiscalement indécente et – ne l’oublions jamais – absolument délicieuse à conduire.
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