Le monde automobile est en ébullition, et pas parce qu’un nouveau SUV ressemblant à un micro-ondes sur roues a été lancé. Non, c’est une nouvelle d’envergure, le genre qui vous fait avaler votre café de travers. Luca de Meo, l’homme qui a sorti Renault du marasme, a rendu son badge en forme de losange et s’en va – accrochez-vous – dans le monde de la haute couture. Oui, vous avez bien lu : le maestro italien qui a rendu Renault à nouveau désirable va désormais tenter de sauver Gucci et Yves Saint Laurent au sein du groupe de luxe français Kering. Ce n’est pas un simple changement de carrière, c’est un saut depuis une Formule 1 en pleine vitesse vers un podium scintillant de glamour.
Remontons le temps un instant. Luca de Meo n’est pas un PDG ordinaire. Cet homme est une légende dans l’industrie automobile, une sorte de sorcier italien avec un CV aussi long qu’un embouteillage sur l’E40. Il a débuté sa carrière chez Renault en 1992, à une époque où la plupart d’entre nous rembobinaient encore des cassettes avec un crayon. Ensuite, il a fait un détour par Toyota, puis Fiat, où il a ressuscité l’iconique Fiat 500 – une voiture si charmante qu’on a presque envie de lui faire un câlin. Il a ensuite dirigé Volkswagen, puis Seat, où il a sorti la marque espagnole de l’oubli pour la rendre plus cool qu’un bar branché à Anvers. En 2020, il est de retour chez Renault, alors que l’entreprise était financièrement si fragile qu’elle semblait sur le point de s’effondrer.
Et qu’a fait De Meo ? Il a retroussé ses manches, présenté un plan baptisé « Renaulution » (oui, c’est vraiment le nom qu’il lui a donné) et s’est mis au travail. À l’époque, Renault perdait 22 millions d’euros par jour – par jour ! – mais sous sa direction, l’entreprise a retrouvé la santé. Il a rapatrié la production en France, donné un sérieux coup de pouce aux voitures électriques avec des modèles comme la Mégane E-Tech et l’incroyablement cool Renault 5 E-Tech, et redonné vie à la marque sportive Alpine. Alpine est passée d’un acteur de niche avec une petite voiture de sport mignonne à une marque de luxe à part entière avec des ambitions électriques. Même Dacia, la marque low-cost de Renault, est devenue encore plus performante sous De Meo, avec la Duster qui se vendait comme des petits pains à travers l’Europe.
Mais il ne s’agissait pas seulement de voitures. De Meo était un visionnaire. Il a réparé la relation chancelante avec Nissan, retiré Renault de Russie avec détermination après l’invasion de l’Ukraine, et, en tant que président de l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA), il a plaidé pour plus de temps pour passer aux voitures électriques. Il n’hésitait pas à dire à l’UE que leurs plans pour interdire les moteurs à combustion d’ici 2035 étaient un peu trop ambitieux. « Une révolution pour les riches », a-t-il un jour qualifié la transition électrique, et on ne pouvait pas vraiment lui donner tort. Sous sa direction, Renault est devenu une marque qui non seulement a survécu, mais a prospéré dans une période où l’industrie automobile change plus vite que la météo en Belgique.
Et puis, un paisible dimanche soir de juin 2025, Renault lâche une bombe : Luca de Meo démissionne. Pas pour rejoindre un autre constructeur automobile, pas pour lancer sa propre marque, mais pour devenir PDG de Kering, une entreprise qui vend des sacs à main de luxe, des robes de créateurs et des lunettes de soleil plus chères qu’une Renault Clio d’occasion. La nouvelle a fuité via le journal français Le Figaro, et Renault n’a eu d’autre choix que de la confirmer. De Meo videra son bureau le 14 juillet et commencera son nouveau périple dans le monde de la mode le lendemain. C’est comme si Max Verstappen annonçait soudain qu’il allait se lancer dans la danse contemporaine à Broadway.
Pourquoi fait-il cela ? Selon De Meo lui-même, la mission chez Renault est accomplie. « Nous avons réalisé en moins de cinq ans ce que beaucoup pensaient impossible », a-t-il déclaré dans un communiqué aussi émouvant qu’un opéra italien. « Les résultats sont les meilleurs de notre histoire. Il est temps de passer le relais. » Et soyons honnêtes : il laisse Renault dans un état bien meilleur qu’il ne l’a trouvé. L’entreprise dispose d’un plan stratégique solide, d’une série de nouveaux modèles en préparation et d’une équipe de direction prête à poursuivre la « Renaulution ». Mais tout de même, le monde automobile ressemble un peu à un enfant qui vient d’apprendre que papa quitte la maison.
Que signifie cela pour Renault ? La chasse au nouveau PDG a déjà commencé, et le conseil d’administration a confiance en l’équipe actuelle pour maintenir le cap. Mais soyons réalistes : trouver quelqu’un avec le panache, le charisme et la vision de De Meo, c’est comme chercher une voiture électrique abordable avec une autonomie de 500 kilomètres – ça existe, mais c’est sacrément difficile à trouver. Et puis, il y a la question de ce que De Meo va faire chez Kering. Gucci, le fleuron du groupe, souffre de résultats décevants depuis des années. Un homme habitué à construire des voitures peut-il conquérir le monde de la mode ? Ou est-ce un saut trop audacieux, même pour quelqu’un du calibre de De Meo ?
Une chose est sûre : le monde automobile ne sera plus jamais le même sans Luca de Meo. C’était un homme qui ne se contentait pas de construire des voitures, il fabriquait des rêves. De la Renault 5 rétro-chic à l’Alpine A290 sportive, son héritage continuera de rouler sur nos routes pendant des années. Et qui sait, peut-être le reverrons-nous un jour – au volant d’une Gucci cabriolet électrique, qui sait ?
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