Imaginez un monde où les voitures électriques ne sont pas réservées aux millionnaires branchés de la tech, mais aussi au commun des mortels avec un compte en banque qui ne déborde pas de lingots. Un monde où vous n’avez pas à choisir entre une nouvelle bagnole et une caravane d’occasion pour apaiser votre crise de la quarantaine. Volkswagen semble vouloir nous offrir ce monde avec l’ID. Every1, une petite électrique compacte affichée à 20 000 euros. Mais est-ce vraiment la révolution abordable qu’on attend tous, ou juste un nuage de fumée avec une prise électrique au bout ?
Commençons par les bonnes nouvelles. L’ID. Every1 est petite, mais pas au point de devoir plier vos genoux derrière vos oreilles pour y entrer. Avec ses 3,9 mètres de long, elle se situe quelque part entre une vieille Up et une Polo – un peu comme une ado qui vient de finir sa poussée de croissance. Quatre places, un coffre de 305 litres – assez pour vos courses et votre dignité – et un petit moteur électrique de 95 chevaux. Pas de quoi faire pâlir d’envie vos voisins, mais bon, ce n’est pas non plus une voiturette de golf. Avec une autonomie d’au moins 250 kilomètres, vous pouvez filer de Bruxelles à la côte sans vous arrêter pour brancher votre câble dans une prise douteuse d’une station-service. Et tout ça pour le prix d’un SUV d’occasion correctement équipé. Une affaire en or, non ?
Mais freinons un peu et jetons un œil sous le capot – façon de parler, parce que ce truc n’a pas de capot digne de ce nom. Volkswagen galère depuis des années pour conquérir le marché électrique sans se tirer une balle dans le pied. L’ID.3, leur première tentative sérieuse, a déjà six ans et ressemble à une relique d’une époque où les écrans tactiles étaient encore une nouveauté et non une source infinie de frustration. Pendant ce temps, ils se font doubler à gauche par les Français avec leur Renault 5, à droite par les Italiens avec leur Fiat Grande Panda-e, et même par les Coréens avec la Hyundai Inster. L’ID. Every1 sent un peu le coup désespéré pour revenir dans la course, mais il faudra attendre 2027 pour la voir en concession. D’ici là, les concurrents auront sans doute déjà sorti une électrique qui se recharge au soleil et vous sert un cappuccino en prime.
Et puis, ce prix : 20 000 euros. Ça sonne génial, jusqu’à ce que vous réalisiez que Volkswagen n’est pas du genre à brader ses marges. Kai Grünitz, le boss du développement, a déjà laissé entendre que les bénéfices sur la gamme ID sont aussi fins qu’une feuille de papier à cigarette. Alors, qu’est-ce qu’on aura pour ce prix ? Une version de base toute nue, probablement. Pas d’écran infotainment sophistiqué, pas de charge rapide, et certainement pas de sièges chauffants pour dorloter vos fesses un matin d’hiver. Vous voulez un peu plus de confort ? Rajoutez quelques milliers d’euros, et hop, vous voilà au prix de l’ID.2 – qui, soit dit en passant, arrivera un an plus tôt, en 2026. On dirait un peu Volkswagen qui vous promet un burger pas cher, mais vous sert finalement un petit pain avec un cornichon perdu et un sourire gêné.
Pourtant, il y a un petit charme dans cette bestiole. Le design – du moins ce qu’on en voit pour l’instant – a un soupçon de vibes rétro à la Up, mais avec une touche moderne. Pas de propulsion arrière comme sur l’ID.3, mais une traction avant sage que même votre grand-mère pourrait dompter. Une vitesse de pointe de 130 km/h, ça veut dire que vous ne vous ferez pas dépasser par un tracteur sur l’autoroute, mais vous ne serez pas non plus la star de la voie de gauche. C’est une voiture pour le peuple, une vraie Volkswagen dans l’esprit de la Coccinelle ou de la Golf, mais sans le ronronnement ni les gaz d’échappement. Et dans un monde où les électriques sont souvent vendues comme si elles étaient saupoudrées de poudre d’or, 20 000 euros, c’est une bouffée d’air frais.
Mais soyons honnêtes : l’ID. Every1 ne va pas changer la donne. C’est un pas dans la bonne direction, un clin d’œil au gars lambda qui veut rouler écolo sans vider son livret d’épargne. Pourtant, on a l’impression que Volkswagen court après le train en marche. D’ici 2027, les Chinois auront probablement déjà une bagnole électrique à 15 000 euros que vous pilotez avec vos pensées, pendant que les Européens débattent encore des subventions et du recyclage des batteries. L’ID. Every1, c’est peut-être la voiture qu’on attend, mais pas celle dont on rêve en secret.
Alors, à recommander ? Si vous avez la patience d’attendre 2027 et que vous n’avez pas besoin de gadgets inutiles, ça pourrait être votre ticket électrique pour l’avenir. Mais si vous voulez du abordable et électrique dès maintenant, jetez un œil à la concurrence. Parce que Volkswagen peut bien coller “Every1” sur le capot, reste à voir si cette voiture sera vraiment pour tout le monde – ou juste une occasion manquée avec une prise.